Armand et moi on est fous de dégustation d’huile d’olive mais on aime aussi beaucoup le temps passé avec les producteurs dans les oliveraies. Alors en novembre dernier, pour notre première année de récolte, on s’est envolés vers la Tunisie pour rejoindre Saber, un ami et producteur franco-tunisien. On vous raconte !
« Attention c’est frais ! » Les ouvriers travaillent encore sur le chantier du moulin tout neuf que Saber, note hôte, a installé pour presser ses olives et celles des producteurs de la région. La saison de la récolte ne fait que commencer et déjà le moulin tourne à plein régime. Les agriculteurs, qui se réunissent autour du feu en attendant impatiemment que le fruit de leur récolte soit transformé en or vert, sont heureux de profiter de ce moulin moderne qui va élever le niveau de qualité de la zone du Kef.
Ce moulin est aussi une histoire de famille puisque Saber s’est entouré de ses trois frères, qui ont tous mis sur pause leurs emplois respectifs le temps de récolter, de lancer le moulin et de manager l’équipe sur place. Le succès est tel qu’ils doivent déjà former de nouveaux employés afin de faire tourner le moulin 24/24h et Saber songe déjà à installer un nouveau moulin, d’une capacité supérieure.
Un décor de film
Tel un trésor dans un film d’aventure, le domaine de Saber est caché dans les montagnes, bordé de canyons à la terre rouge, et on y voit à perte de vue des oliviers jeunes et centenaires, des figuiers de barbarie, de l’aloe vera et de la roquette sauvage en fleur qui pousse avec la vigueur d’une mauvaise herbe.
“J’adore venir me promener ici, les olives c’est mes filles, je leur parle, je les cajole” nous confie-t-il avant d’embrasser une branche en lançant un “comment ça va, toi ?”. Notre visite se termine par un magnifique coucher de soleil et la promesse d’une seconde journée de récolte chargée.
Une récolte à la main
Le lendemain lorsque le réveil sonne, il est cinq heures, El Krib s’éveille. Il fait encore nuit lorsque nous nous rendons dans l’oliveraie pour attendre l’équipe de récolte.
Ici ce sont les femmes qui récoltent les olives, munies d’un sac en jute, de leur filet et de leur peigne – parfois sans peigne, une vraie récolte “à la main” – qu’elles transportent d’un arbre à l’autre. Elles sont payées au sac rempli et ce sont elles qui décident si elles viennent récolter ou pas, plusieurs hommes nous affirment, plutôt fièrement, que ce sont les femmes qui font fonctionner l’économie du pays et d’autres regrettent que les hommes en général ne veuillent pas faire ce travail.
C’est d’autant plus dommage que la récolte de cette année, profitant de pluies favorables, a été exceptionnelle pour la Tunisie !
Nous nous joignons à l’une des femmes et nous l’aidons à peigner l’olivier, comme si on voulait démêler les cheveux de ces arbres verts et argentés.
Saber nous avait prévenu “récolter des olives c’est la séance de relaxation ultime”: méthode testée et approuvée !
L'heure de rentrer
Nous repartons à Paris bien avant la fin de la récolte, qui pourrait s’étendre sur un mois entier ou plus, les yeux emplis de la lumière rosée et diffuse du ciel tunisien, les narines emplies de l’odeur sucrée des clémentines, poivrée de la roquette sauvage et herbacée de l’huile sortant fraîche du moulin et les valises chargées de zit zitoun, de Chetoui, bien évidemment !
Retrouvez la version longue de cet article sur le blog Jus d’olive.